L'esthétique de la sobriété : 3 conseils que j’aurais aimé avoir

Quitter Paris, c’est fait. Rénover une maison en quasi passif, c’est fait. Initier un jardin forêt, c’est en cours. Être autonome en eau, c’est presque bon. Réduire mes besoins énergétiques et produire ceux dont j’ai besoin, le chemin est encore long. L’autonomie alimentaire, illusoire pour l’instant.

Je me suis lancé avec plein d’envies, de rêves et de naïvetés. Le chemin est riche et stimulant, bien plus que je ne l’aurais imaginé. En particulier les réflexions systémiques sur le design du lieu. Voici un aperçu des thèmes des questions et explorations initiées en 2 ans : les plantes vivaces, les semences, le sol, l’eau, l’isolation thermique, la ventilation, les matériaux naturels, l’humidité, le chauffage au bois, les animaux sauvages et domestiques, les insectes, le retraitement et la filtration d’eau, le ressenti thermique, les déchets, les toilettes sèches, les lowtech, la consommation et la production électrique, le biogaz, et j’en passe…

J’avais en tête quand j’ai lancé le projet, les grandes lignes directrices : avoir du terrain, de l’eau, des bois, une maison à rénover et trouver les bons artisans. A posteriori j’aurais cependant aimé avoir ces 3 conseils.

1/ Comment trouver des artisans compatibles avec mon projet ?

Ce n’est pas si simple que ça, par exemple mon maçon a pour la première fois de sa carrière fait une dalle chaux chanvre à ma demande, et il a 60 ans ! J’ai voulu me faire aider par un architecte écolo-compatible, ça coute cher et ce n’est pas simple à trouver. Après tâtonnements et rencontres ratées, je suis arrivé à la conclusion que le plus rapide est d’aller à la rencontre de fournisseurs de matériaux bio-sourcés dans votre région. Ils vous aideront à faire le choix des bons matériaux, mais aussi à trouver des artisans écolo-compatibles. Cependant, cela n’enlève pas l’importance de votre regard critique et de vos exigences propres !

2/ Jusqu’où déléguer les choix d’architecture ?

Faut-il passer par un architecte ? Puis-je exprimer mon besoin et laisser l’artisan faire les choix ? J’ai trouvé l’équilibre très difficile à trouver. Par exemple, mon architecte a parfois privilégié des choix esthétiques sur mes exigences écologiques (isolation intérieure versus extérieure). Un autre exemple est l’usage intensif du béton prompt par électricien, plombier et maçon, or les enduits naturels à la chaux s’accordent très mal avec le béton. Je suis arrivé à la conclusion que quelque soit le degré d’expertise et de savoir-faire des personnes qui vous aident, il n’est pas optionnel de vous (auto-)former sur les questions de maison bioclimatique et de matériaux. Sinon des choix « opaques » seront fait sans vous… Le livre qui m’a permis de me mettre à niveau : La conception bioclimatique. Je vous conseille aussi des stages sur les enduits à la chaux, les constructions terre-paille, etc… Je recommande une faible délégation, et d’anticiper le temps important que cela vous prendra (je ne l’ai pas fait et j’ai passé une année difficile). Les conséquences positives seront le plaisir et la satisfaction de réalisation, et la sensation d’une meilleure maitrise de son environnement intime.

3/ Quand et comment me former à la permaculture ?

J’ai lu des livres, fait des MOOC, lu des blogs. J’ai fait un stage de permaculture à l’été 2010 et cela m’a beaucoup plus apporté que le reste. Béné a fait le cours certifié de permaculture avec horizon permaculture après que nous ayons acheté notre terrain et cela nous a permis de passer à l’action de façon structurée tout en faisant confiance à nos intuitions. Je recommande aussi la formation en ligne de permaculturedesign qui vous aidera pas à pas, au-delà de l’éthique et des principes, à commencer votre design. Sans surprise, mon conseil est de choisir des formations pratico-pratiques (après vos explorations théoriques) après avoir trouvé votre lieu. Mais une conclusion à laquelle je ne suis arrivé que tardivement, c’est qu’il m’aurait été très utile de me former avant mon achat à la reconnaissance des plantes bio-indicatrices. En effet, en apprenant à reconnaître les plantes sauvages et à savoir lire ce qu’elles disent de l’état de vos sols (teneur en azote, compactés, gorgés d’eau, secs…), vous aurez la capacité à lire l’état des sols de votre futur achat. Ainsi vous serez plus à même de savoir si un lieu peut correspondre à vos objectifs en matière d’autonomie alimentaire.

Bons projets !